Des forêts d’interface entre mer et terre
Les mangroves sont des forêts localisées exclusivement le long du littoral et des estuaires, dans des eaux plus ou moins saumâtre. Elles sont soumises au flux et reflux des marées et sont inondées à chaque marée haute. Elles ont un rôle écologique très important du fait de leur situation d’interface entre les milieux marin et terrestre.
Les mangroves côtières : des forêts qui se déplacent
On peut envisager la mangrove côtière comme une forêt qui se déplace. Cette particularité est due au fait qu’elle pousse sur des bancs de vase. Or, ceux-ci se déplacent d’Est en Ouest le long du rivage. La mangrove pousse en quelques mois lorsque le banc de vase arrive et se fixe. Quelques années plus tard, elle disparaît en quelques semaines, lorsque le banc de vase continue sa route, poussé par le courant équatorial, lui-même engendré par les vents alizés.
Peu d’espèces ont développé des mécanismes d’adaptation leur permettant de pousser dans les conditions biotiques qu’offre la mangrove côtière.
En effet, Le sol inondé engendre un milieu asphyxiant et les différentes espèces doivent aussi s’accommoder d’une eau plus ou moins salée. Une vingtaine d’espèces réussissent ce tour de force. Parmi celles-ci : le « palétuvier blanc » (Avicennia germinans), très abondant, qui forme des populations pratiquement monospécifiques, le « palétuvier gris » (Laguncularia racemosa).
La mangrove n’est pas à proprement parler un lieu de promenade mais si vous faites partie des aventureux qui savent flotter sur la boue vous aurez la chance de pouvoir observer de près comment respirent les palétuviers. L’évolution les a dotés de petites racines respiratoires qui se dressent au-dessus de la surface de l’eau. On les appelle des pneumatophores.
Les mangroves d’estuaires : des forêts qui se balancent au gré des marées
La mangrove d’estuaire ne se déplace pas, comme la mangrove côtière. Située le long des berges du cours inférieur des rivières, elle se situe dans la zone de balancement des marées.
Une espèce domine ces mangroves, le « palétuvier rouge » (Rhizophora racemosa), très reconnaissable à ses belles racines échasses en formes d’arceaux.
Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la mer et que les conditions de vie deviennent moins drastiques (salinité, conditions d’asphyxie), d’autres espèces se mêlent à celles de la mangrove : le « moutouchi-rivière » (Pterocarpus officinalis), reconnaissable à ses grands contreforts ondulés, le « manil » (Symphonia globulifera), le palmier-bâche (Mauritia flexuosa), le « pinot » (Euterpe oleracea), le « cacao rivière » (Bombax aquaticum) parmi les plus fréquentes.