ZONE HUMIDE OU ZONES HUMIDES ?

La forêt tropicale dite « humide » occupe plus de 80% du territoire de la Guyane. Celle-ci doit-elle alors être considérée toute entière comme une zone humide ?

Zone côtière de Guyane

Zone côtière de Guyane française. Source : Proclam, UMR Espace-Dev

Oui et non, car s’il serait acceptable de dire que la Guyane est à elle seule une vaste zone humide, il faut garder à l’esprit que les zones humides proprement dites correspondent plus spécifiquement à des zones où la nappe phréatique est proche du sol, ou encore où la terre est recouverte par les eaux. Cette définition ne correspond pas à l’ensemble des sols de Guyane.

Les milieux humides présentent une grande diversité en termes de localisation, de forme, de taille, de fonctionnement hydrologique et d’usages.

On peut distinguer :

  • Les zones humides côtières, constitués de quelques vingt ensembles marécageux côtiers (mares ou marais permanents ou temporaires, mangroves, prairies flottantes, « pripris », « savanes mouillées, etc.)
  • Les milieux à hydromorphie marqués rencontrés au sein du massif forestier de l’intérieur (bas-fonds, pinotières, talwegs, berges, rochers de sauts, mares temporaires des savanes roches, etc.)

Les différentes sortes de zones humides constituent des biotopes distincts, hébergeant environ 450 espèces d’hydrophytes.

Les zones humides côtières correspondent à des milieux ouverts, tandis que celles de l’intérieur correspondent à quelques exceptions près (mares temporaires de savanes roches, rochers de sauts) à des milieux sous couvert forestier.

ZONES HUMIDES CÔTIERES

La côte de Guyane héberge au total plus d’une vingtaine de zones humides, sur une surface totale de 4000 km2.

Marais

Marais

La zone côtière peut être divisée en deux sous-ensembles, séparés par la presqu’île de Cayenne, morceau de socle précambrien atteignant le rivage :

  • A l’ouest, de Cayenne au Maroni, la zone côtière est étroite (5 à 8 km) et comporte de nombreux marais côtiers, représentant une superficie totale de 1270 m2 ;
  • A l’est, entre Cayenne et l’Oyapock, sont situés les deux grands ensembles marécageux de Kaw (720 km2) et de la pointe Béhague à proximité de Ouanary (910 km2).

Ces vastes ensembles marécageux de l’est de la côte, situés en arrière de la mangrove de front de mer, constituent une des caractéristiques majeures de la plaine côtière de Guyane. Les mécanismes de leur fonctionnement sont encore imparfaitement connus.

ZONES HUMIDES DE L’INTERIEUR

Drosera guïanensis

Drosera guianensis, petite herbacée des savanes humide © Sophie Gonzalez/IRD

Le massif forestier est parcouru par un chevelu hydrographique très dense. Sur les berges, se développe la forêt dite ripicole.

Sur des zones où le drainage est insuffisant se développent les forêts marécageuses et les forêts de flat. Les « flats » désignent des zones alluviales dont le sol est gorgé d’eau pendant la saison des pluies et offre des conditions toujours plus ou moins asphyxiantes.

Une espèce bien connue des forêts marécageuses est le manil-marécage (Symphonia globulifera), une clusiaceae à fruits rouges, dont le tronc contient un latex jaune.

Au sol, sa présence est révélée par ses nombreuses racines respiratoires en forme de petits arceaux, qui rendent la progression mal aisée.