Nom scientifique
Abrus precatorius L.
Classification
Ordre : Fabales
Famille : Fabaceae
Genre : Abrus Adans.
Étymologie
Le terme « Abrus » a des racines latines, mais trouve également des liens dans la langue arabe. Il est probable que ce nom ait été emprunté de l’arabe vers le latin, reflétant les échanges culturels et linguistiques qui ont souvent influencé la nomenclature botanique. Quant à « Precatorius » (du latin *precatorius*, signifiant « lié à la prière »), il dérive du mot « prex » qui signifie « prière ». Ce nom fait référence à l’utilisation historique des graines de cette plante dans la fabrication de chapelets, employés lors des prières.
Origine
Originaire d’Afrique, de Madagascar et d’Asie tropicale, l’Abrus precatorius L. a étendu son territoire à travers le monde. Il s’est naturalisé en Amérique, est considéré comme indigène en Australie et dans de nombreuses îles du Pacifique (Fidji, Polynésie). Présente également en Guyane, cette liane illustre sa capacité à s’adapter et à prospérer dans des environnements variés. Dans certaines îles, telles que les Mariannes, les Galapagos et Hawaï, cette liane est devenue envahissante, pouvant avoir des impacts écologiques significatifs. Son introduction en Nouvelle-Calédonie en 1860 souligne également la portée mondiale de cette plante, marquant son voyage à travers les océans et son établissement dans de nouveaux territoires.
Description
Plante grimpante ligneuse, cette liane fine peut s’étirer jusqu’à une longueur impressionnante de 50 mètres, dotée d’une tige fortement ramifiée. Ses feuilles, alternes et composées paripennées, mesurent entre 5 et 8 centimètres de long. Les folioles, d’une teinte vert-pâle, arborent des surfaces délicatement pubescentes. Les fleurs, abondantes, s’épanouissent le long d’un racème axillaire de 5 à 7 centimètres. Le fruit résultant de cette plante se présente sous la forme d’une gousse elliptique, mesurant entre 2 et 5 centimètres de long sur 1 à 1,5 centimètre de large. À maturité, la gousse s’ouvre, révélant une pubescence soyeuse initiale et adoptant une forme crochue. Chaque gousse renferme de 3 à 6 graines lisses, remarquablement dures et ovoïdes, initialement roses, puis évoluant vers une teinte rouge écarlate à maturité, accompagnée d’une large tache noire.
Usages
Unité de mesure, les graines d’Abrus precatorius L., singulières par leur poids remarquable d’un dixième de gramme, étaient utilisées en Afrique comme carat pour peser la poudre d’or, une pratique qui s’étendit jusqu’en Inde. A La Réunion et à Maurice, les feuilles sont utilisées en infusion pour traiter diverses affections, y compris les problèmes ophtalmiques. Les parties de la plante, telles que les feuilles et les racines, sont employées sous forme d’infusion, de décoction et de macération pour traiter des conditions telles que la bronchite, la dysenterie, le lupus et la phtisie pulmonaire. Dans la médecine ayurvédique, les feuilles servent de laxatif, expectorant et aphrodisiaque, tandis que les graines, bien que toxiques, sont réputées pour leurs propriétés laxatives, purgatives et anti-ophtalmique. Dans certaines régions, les graines peuvent être utilisées pour créer des instruments de musique, tels que le kayamb à La Réunion. Les graines colorées sont souvent utilisées à des fins ornementales, par exemple dans la confection de bijoux. Cependant, leur manipulation doit être effectuée avec précaution. Les coques dures ne sont pas dangereuses tant que la peau dure n’est pas percée ou absorbée.
Toxicité
L’Abrus precatorius L., également connue sous le nom de « Ti Panacoco » en Guyane, renferme l’un des poisons les plus redoutables du monde végétale : l’abrine, une toxine similaire à la ricine. Les graines d’Abrus precatorius en contiennent une concentration élevée. Des symptômes sévères peuvent survenir après l’ingestion de seulement quelques graines. Ces symptômes incluent des nausées, des vomissements, des diarrhées, des difficultés respiratoires, des convulsions et, dans les cas extrêmes, la mort.
Il est crucial de savoir que même une seule graine bien mastiquée peut être fatale pour un adulte. La toxicité de l’Abrus precatorius ne doit pas être sous-estimée, et des précautions strictes doivent être prises pour éviter tout contact ou ingestion.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Légende des pois rouges pendant la dynastie Han :
À l’époque de la dynastie Han, une femme attend avec anxiété le retour de son mari, parti en campagne militaire dans le sud de la Chine. À l’annonce de sa mort au combat, la femme est submergée par le chagrin. La douleur émotionnelle est si intense qu’elle en ressent physiquement les effets, manifestant des symptômes graves comme des entrailles déchirées, des vomissements de sang, et finalement, elle s’effondre au pied d’un arbre. Selon la légende, c’est à cet endroit précis que des pois rouges ont commencé à pousser. Ces pois, également connus sous le nom de pois du languissement, sont ainsi nommés en mémoire de l’épouse éplorée. La couleur rouge sang des pois pourrait symboliser la douleur et la perte associées à cette triste histoire.
Il est important de noter que cette histoire relève davantage de la mythologie ou de la tradition populaire que de faits botaniques stricts.
Dans le film le Lagon bleu de Randal Kleiser, sorti en 1980 (un extrait ci-dessous)
Christopher Atkins et Brooke Shields, après avoir dérivé pendant des jours, se réveillent et trouvent leur fils en train de manger des graines qu’il a cueillies. Désespérés, ils les mangent à leur tour et s’allongent pour attendre la mort…(Ce sont des graines d’Abrus precatorius L.).
Sources principales :
- Articles Abrus precatorius en chinois et en anglais sur Wikipedia
- Article 相思子 sur l’encyclopédie chinoise en ligne Baidu
- Blanfort, V., F. Desmoulins, J. Prosperi, T. Le Bourgeois, R. Guiglion and P. Grard (2010). AdvenPaC V.1.0 : Adventices et plantes à conflit d’intérêt des Pâturages de Nouvelle-Calédonie. Montpellier, France, IAC.
-
Le pois rouge : graine du languissement et poison violent. Pascal Medeville (2020). Tela Botanica.
- Ethno_Salagon_2012_551b_Rapport.pdf
- MATOS, F J A. LORENZI, Harri – Plantas Tóxicas – Estudo de Fitotoxicologia Química de Plantas Brasileiras
- Kingsbury, J.M. (1964) Poisonous Plants of the United States and Canada.