L’Akée, Aki

Noms communs

© NParksFlora&FaunaWeb

Il porte de nombreux noms vernaculaires :

  • En français : Aki, fisanier, blighia savoureuse, fausse anacarde, pommier d’aki, arbre fricassé, cervelle végétale.
  • En anglais : Ackee, akee, akee apple, savory akee tree, vegetable brain.
  • En portugais : Castanheiro da Africa, castanha de Africa, huevo vegetal castanha.
  • En espagnol : Akí, huevo vegetal, seso vegetal.
  • « ris de veau » ou « yeux de crabes »en Martinique, « arbre à fricasser » en Haïti.

Nom scientifique

Blighia sapida K.D.Koenig

Ordre : Sapindales

Famille : Sapindaceae

Genre : Blighia K.D.Koenig

Origine : Afrique centrale et occidentale. 

Spécimens de Guyane française 

Étymologie

Le capitaine William Bligh dans un petit bateau avec certains membres de l’équipage du Bounty.  ©GETTY

Le nom de genre « Blighia K.D.Koenig » a été attribué en l’honneur du capitaine William Bligh, célèbre pour son rôle central dans l’incident de la mutinerie du Bounty. On raconte qu’il aurait introduit cette plante originaire de Guinée dans les Antilles, notamment en Jamaïque, en 1793. Cependant, selon d’autres sources, notamment William Harris, cette introduction pourrait remonter à une date antérieure, soit en 1778, probablement par un bateau faisant la traite négrière.

 

 

 

Où peut-on l’observer ?

Le Blighia sapida K.D.Koenig a été introduit dans de nombreux pays tropicaux et certaines régions subtropicales, y compris la Floride aux États-Unis. Il est largement cultivé en tant qu’arbre fruitier et ornemental en Inde et en Amérique tropicale. Son introduction en Amérique tropicale remonte à la fin du XVIIIe siècle, et depuis lors, il s’est naturalisé localement. L’akée s’est répandu grâce à sa culture, principalement en raison de son fruit comestible, bien que des précautions doivent être prises dans sa préparation en raison de ses dangers potentiels. Le Blighia sapida K.D.Koenig prospère particulièrement dans les zones chaudes et humides, et il peut être trouvé à des altitudes relativement basses, allant jusqu’à environ 700 mètres.

Description

Fruit et arilles de l’ackée © Gnagbo Anthelme (cc-by-sa) – Pl@ntNet™

C’est un arbre de taille moyenne qui peut atteindre entre 10 et 12 mètres de hauteur. Il présente un tronc court et un feuillage dense. Ses feuilles sont alternes, persistantes et coriaces, composées de 6 à 10 folioles oblongues-ovales. Chaque foliole mesure environ 8 à 12 cm de long sur 5 à 8 cm de large. Les fleurs du Blighia sapida sont de petite taille, blanches et délicatement parfumées. Elles se regroupent en grappes axillaires de 15 à 20 cm de long. Le fruit, quant à lui, arbore une forme de poire allant du rouge brillant au jaune orangé. Il se présente sous forme d’une capsule déhiscente à trois compartiments qui s’ouvre à maturité pour révéler une à trois grosses graines oblongues à sphériques. Ces graines sont d’un noir brillant et surmontées d’une arille molle, crémeuse ou spongieuse, de couleur blanc jaunâtre. L’aspect global des arilles peut évoquer celui du ris de veau ou de la cervelle d’un petit animal. Cet arbre est étroitement lié au litchi et partage avec lui certaines caractéristiques botaniques.

L’akée, a une multitude d’utilisations dans les régions où il est cultivé :

Pièce de 1 akée, argent, émise en 1818 – Jennifer McNair, CC BY-SA 4.0

Usages

  • Usage alimentaire : Les arilles, la partie comestible du fruit, sont largement consommées dans de nombreuses régions tropicales. Elles peuvent être préparées de diverses manières, notamment bouillies, cuites, frites ou utilisées dans des plats traditionnels. En Jamaïque, l’akée est un ingrédient essentiel dans le plat national, l' »akee and saltfish ». Il est crucial de noter que les graines du Blighia sapida sont toxiques à l’état brut et nécessitent une préparation spécifique avant d’être consommées.
  • Usage médicinal : Dans certaines cultures, diverses parties de l’arbre, comme les feuilles et les écorces, sont utilisées à des fins médicinales. Toutefois, il est important de noter que l’usage médicinal de cette plante peut varier et doit être fait avec prudence.
  • Bois : Le bois du Blighia sapida est durable et résistant aux termites, ce qui en fait un matériau de construction utilisé.
  • Commerce : La graine de l’akée a été utilisée comme étalon pour peser la poudre d’or, et a même donné son nom à une monnaie, l’akée de la Côte-de-l’Or (1796-1818). Une graine d’akée équivalait à 20 grains troy.
  • Ornemental : En raison de son feuillage persistant et de la beauté de ses fleurs, l’akée est également planté à des fins ornementales dans les espaces publics et le long des rues, en particulier en Afrique occidentale.

En ce qui concerne la consommation, il est crucial de noter que seules les arilles charnues surmontant les graines sont comestibles, tandis que le reste du fruit ainsi que les graines sont toxiques. Le fruit doit être récolté à complète maturité, lorsqu’il s’ouvre naturellement, et doit être frais et non blet. Les fruits verts ou trop mûrs sont également toxiques.

Toxicité

Le Blighia sapida peut causer la « maladie des vomissements de la Jamaïque », caractérisée par des vomissements et de l’hypoglycémie, si consommé de manière incorrecte. Il est crucial de souligner sa toxicité en raison de la présence de l’hypoglycine. Cette toxine peut avoir des conséquences graves sur la santé humaine, en particulier chez les enfants. L’ingestion du fruit ou de ses graines peut entraîner une baisse significative de la glycémie, provoquant des symptômes tels que des vomissements, des convulsions, voire le décès. Il est essentiel de noter que même si la toxicité diminue considérablement après l’ouverture naturelle du fruit (exposition à la lumière), cette dernière n’est pas éliminée par la cuisson. Les accidents liés à la toxicité de ce fruit sont malheureusement un problème persistant, en particulier dans des régions comme la Jamaïque et Haïti, ainsi qu’en Côte d’Ivoire, au Togo et au Burkina-Faso. L’ingestion du fruit lorsqu’il est encore vert ou celle des graines peut également conduire à des perturbations du métabolisme des graisses et à une stéatose du foie, pouvant entraîner une hypoglycémie potentiellement mortelle. Ces informations soulignent l’importance cruciale de prendre des précautions extrêmes lors de la préparation et de sa consommation, afin d’éviter tout risque pour la santé.

LE SAVIEZ-VOUS ?

« Ackee and Saltfish » (L’akée à la morue) @seriouseats

Akée en conserve

L’akée à la morue (Ackee and Saltfish) est le plat national de la Jamaïque. La morue salée est sautée avec les akées, du saindoux, des oignons, des piments, des tomates, des fines herbes, et peut être garni de lard frit et de tomates fraîches. On trouve des ackées frais sur les marchés de Jamaïque et de Floride. Ils sont aussi commercialisés en surgelés ainsi qu’en conserve, en saumure, sous la dénomination de < canned ackee in brine >

 

 

Références
  • Bulletin Epidemiologique de l’OPS. Edition complète du No. 2, Vol. 22 (Juin 2001)
  • Enquêtes sur les intoxications par les plantes en Guyane française : aspects ethnobotaniques et médicaux. Dorangeon E. et Moretti C 2022 -IRD
  • Intoxications par les plantes toxiques dans les zones tropicales et inter tropicales, 2023. P. Aubry,B.-A. Gaüzère. http://medecinetropicale.free.fr/
  • Bulletin de l’OMS, Vol. 80, n°9, 2002, 689-766
  • Lunven, P., et al. “Contribution à l’étude chimique des graines de Blighia sapida (Kœnig), Sapindacées.” Annales de la nutrition et de l’alimentation, vol. 14, 1960, pp. 259–62.